C'est grave plaisant de pouvoir bondir partout sans se faire importuner par un individu qui vous crie de vous excuser et de regarder devant vous parce que; apparemment; vous lui seriez rentré dedans. Archi faux Monsieur, car je ne fais jamais de rentre dedans, en règle générale, c'est ma pauvre petite personne que l'on brusque, teh !
C'est toute guillerette que je fais de petits bonds le long des différents sentiers qui se tracent dans le parc, ravie d'observer ce qui m'entoure avec les yeux pétillants d'un gamin devant un stand de distribution gratuite de crème glacée, illimitée.
Dans mon sac à dos gris foncé, j'ai tout le nécessaire pour passer une fin de journée agréable : de quoi fumer, de quoi grignoter, et même une bière qui se loge au fond, prévue pour plus tard. Mais ce que j'ai pas, c'est des toilettes portatives. Et actuellement, l'envie de pisser devient oppressante. Mon appart' est loin, les chiottes publiques sont inexistantes dans les environs. Je balaye du regard le paysage qui s'offre à moi : personne, les derniers individus que j'ai croisés remontent à une petite dizaine de minutes de marche de l'endroit où je me trouve.
Je peux bien pisser derrière un arbre, personne me verra... c'est sûr ?
Esprit féminin un peu stupide, je décide de marcher encore pendant dix minutes pour "m'assurer" que personne ne croisera mon petit cul nu derrière un arbre. Après avoir décidé que j'étais assez loin, j'en trouve un sympathique, me positionne entre deux de ses racines imposantes et, baissant mon jean délavé et ma culotte, me permet de me soulager ici.
- Libérééééeee !
Je me redresse et remonte d'un geste habitué mon pantalon, y rentre mon t-shirt vert sapin et reboucle ma ceinture. Repositionnant ma queue de cheval et ma casquette, j'attrape mon sac que j'envoie sur mon épaule et retourne sur le sentier qui décrit un arc de cercle quelques pas plus loin.
Empruntant ce virage, j'aperçois un peu plus loin quelque chose d'un peu louche, plutôt beau, mais pas forcément attendu. Comme des feuilles d'arbres qui s'envoleraient harmonieusement dans les airs, avec des trajectoires ne prenant pas forcément grand compte de la gravité qui devrait s'y appliquer.
Keskecé ?
Je porte ma main droite au niveau de ma visière pour former une double visière du futur, plisse les yeux, et me concentre. Je finis par discerner une plus grande silhouette, d'où semble partir la mini tempête de feuille. Et cette silhouette a l'apparence d'un garçon, à vrai dire.
J'espère qu'il m'a pas entendue pisser.
Mes joues se teintent légèrement de rose, mais je décide de continuer ma route pour savoir ce que fait cette personne. Mes yeux quant à eux, au fur et à mesure que j'avance, s'illuminent à la vue de ce spectacle.
En m'approchant, j'ai pu comprendre que ce n'était pas des feuilles, mais des papillons.